mardi 29 juin 2010

Pic des Mouches-Lac de Sainte Croix du Verdon











Je vole depuis 1987 et je découvre avec toujours autant de plaisir de nouveaux terrains de jeu. Ce samedi 26 juin s'annonce sympathique avec très peu de vent et des plafonds vers 2000. Je me prépare donc dès vendredi soir à tenter le fameux parcours que les oiseaux de la Sainte connaissent bien mais que je n'ai jamais eu l'opportunité de tenter: Rallier Moustiers Sainte Marie. 10h30 au parking, bonjour aux copains et co-voiturage jusqu'au col des portes. Grimpette tranquille occupés que nous sommes à discuter avec Béa de la psychologie du pilote! Près d'une heure plus tard nous voilà au Pic des Mouches. Petite tendance Nord-Ouest dont certains pensent qu'elle va rester et d'autres (dont moi) qu'elle va être balayée par la brise de mer. Casse-croûte et préparation dans la foulée non sans avoir pris le soin d'enregistrer quelques répliques mémorables dont Jean-Luc a le secret ainsi que des prophéties météorologiques que la NASA nous envie...(à voir dans le film). Un pilote (Patrick ou Bernard, je ne me rappelle plus) décolle mais doit se battre pour rester, puis Loïc se lance. Je l'observe un instant et considérant qu'il trouve de quoi grimper, je gonfle, je sens le début d'un petit cycle et je décolle. Difficile de trouver du costaud mais à force de persévérance Loïc prend quelques centaines de mètres au-dessus. Je me concentre et nous voila quelques minutes plus tard ver 1800m. Loïc annonce qu'il part et je lui emboite le pas. Nous nous éloignons de la Sainte et devons rapidement trouver de quoi grimper car l'altitude baisse rapidement. Nous arrivons à nous refaire bien correctement et reprenons notre vol vers le nord-ouest. Vers Rians nous cherchons à nouveau un ascenseur. Je trouve un sympathique nuage mais Loïc n’a pas cette chance et galère, accompagné par deux ou trois autres pilotes qui l’ont rejoint. Ne les voyant pas réussir à se refaire je décide de partir seul. Ce sera alors un marsouinage classique et sans grande difficulté dans un décor nouveau pour moi. Les champs de lavande pleins de fleurs, le bleu turquoise du lac d’Esparron, les camaïeux de vert des collines, les dégradés d’ocre des pistes les traversant. Spectacle aérien, irréel. Silence du vol. Frottement de l’air accompagné par les « bip-bip » de mon vario, battements de cœur de mes vols. Des instants d’inquiétude quand le sol se rapproche. Des moments de bonheur quand, centrant le thermique au plus près, la terre s’éloigne dans un virage qui n’en finit pas…Traverser les barbules, comme invité par le ciel à se lover au sein d’un cumulus en apercevant à peine quelques couleurs qui se pastellisent sous mon cocon. Puis retrouver l’éclat du soleil alors que s’annonce le lac de Sainte-Croix, balise de mon voyage. La rêverie s’estompe et le choix tactique s’impose. Je suis aux antennes et plus très haut maintenant. A la radio j’entends que les nuages deviennent dangereux et de là où je suis je vois en effet la couverture se souder sur le Mont Denier. Je temporise en zonant dans un petit thermique qui me remonte vers 1200 mètres et je pense me poser au bord de la nationale. Puis l’idée me vient de me lancer en travers du lac pour me poser sur la rive gauche que je connais déjà, afin de clore ce vol en beauté. Mais l’altitude me manque et comme je serai un peu dérivé lors de la traversée, je me résigne. Mais avant de rendre les armes j’essaie une dernière option : basculer derrière le bord du plateau pour me coller à la falaise de Moustiers puis traverser au-dessus des gorges. Je m’escrime donc à reprendre de l’altitude en me laissant décaler vers le bord du plateau quand j’entends les grondements sourds de l’orage qui menace. Je range mes options au fond de la sellette et me pose au bord de la route près d’une voiture dont les occupants font des photos de lavande en fleur.

Il m’aura fallu trois heures pour boucler ce joli vol et….presque six heures pour rentrer chez moi !!! Plus personne ne me reçois à la radio une fois que j'ai annoncé que j'étais posé et comme je n’ai aucun numéro de téléphone des oiseaux de la Sainte, je dois m’en remettre à mon pouce. De voiture en voiture je ne rencontre que des gens aimables, souriants et disposés qui à me poser plus loin qu’ils ne vont, qui à m’indiquer le meilleur endroit pour trouver une voiture, qui à se renseigner pour moi sur le meilleur chemin et cela adoucit grandement la frustration d'attendre au bord des routes au lieu de se délecter de l’après vol. J’arrive finalement à Saint Maximin où je fais la rencontre d’un pompier, élève parachutiste avec lequel nous boirons la bière de l’amitié à Puyloubier et qui me ramènera à ma voiture (je lui dois un biplace !!!).

Merci aux oiseaux de la Sainte grâce auxquels ce si beau site perdure dans le respect de ses co-utilisateurs. Faisons chacun en sorte de préserver tout cela.